Publié le 5 avril 2018 à 18:04
Claravista était à la 3ème édition de Traffic, le salon de la Fédération de prêt à porter française. Voici un tour d’horizon de l’utilisation de l’Intelligence Artificielle dans la mode aujourd’hui.
Il y a aujourd’hui de nouveaux impératifs pour les marques de mode parce que la façon de consommer a changé : 35 000 silhouettes défilent chaque année sur les podiums au cours des 4 saisons qui rythment l’année – on ne peut plus se permettre d’attendre 3 mois avant de proposer une analyse, un décryptage ou une réinterprétation en haute couture.
De nouveaux outils émergent afin d’accompagner les marques dans la compréhension des tendances, des succès produits, du juste pricing. Selon Heuritech, L’Intelligence Artificielle dans le marché du retail devrait être 5 fois plus présente et peser 5 milliards de dollars d’ici 2022. Elle permettrait notamment d’augmenter de 30% les ventes en ligne.
L’intelligence artificielle aura un impact à différents niveaux.
L’IA permet de personnaliser. C’était notamment le cas du projet Muze de Zalando et Google dévoilé en 2016 : il suffit d’indiquer sur une app son genre, son âge, son humeur, de dessiner une forme et de répondre à une question sur ses goûts artistiques ou musicaux pour visualiser des tenues correspondants à son style. Si le projet est encore peu mature, il est néanmoins prometteur.
Avec l’impression 3D, on peut créer des pièces sur-mesure et uniques. C’est ce que fait la start-up de sous-vêtements Endeer : la poitrine de la cliente est scannée par un smartphone et les mensurations sont intégrées dans le programme de création des produits.
Parce que les collections s’enchainent à grande vitesse, des outils permettent de détecter des signaux faibles pour prédire ce qui va se vendre dans les prochains mois.
Tagwalk est un moteur de recherche qui permet de décrypter les grandes tendances : toutes les photos des défilés sont prétaguées grâce à l’IA puis vérifiées par des humains. Cela permet d’analyser de façon exacte de grandes quantités de données. Les données peuvent ainsi être publiées 9 jours après les défilés.
Heuritech décrypte également les tendances mais en scannant toutes les publications Instagram des personnes identifiées comme étant des influenceurs. Une montagne de données quand on sait que 100 millions de photos sont postées chaque jour sur le réseau social. Par cette analyse des images et non pas du texte, on évite le « mismatch » : ce n’est pas parce qu’un post tague #LouisVuitton, la photo contient un produit de la marque. La solution permet également de prédire les tendances et ainsi de prévoir l’avènement de la jupe wrap rouge avec 90% de certitude dans l’année qui vient. Il est également possible d’avoir une approche localisée : on peut par exemple voir qu’il faut du vert à Singapour ou du velours à Hong Kong.
Quand on entend notamment le scandale d’H&M et de sa collection ratée, qui se retrouve avec 4,3 milliards de dollars d’invendus sur les bras, on comprend mieux la nécessité de produire moins mais plus pertinent.
La plateforme Radarly (Linkfluence) propose de comprendre qui sont les influenceurs d’une marque. Cela peut notamment permettre de pousser un produit dont on s’aperçoit qu’il se vend mal en cours de saison.
Daco grâce à l’analyse exhaustive de l’image et du texte des sites marchands permet de comparer des produits comparables et ainsi de fixer les prix en connaissance du marché. L’outil permet aussi d’évaluer l’agressivité promotionnelle de ses concurrents. En effet, en 5 ans, le taux de vêtements vendus en soldes ou en promotion est passé de 15 à 22% au niveau mondial.
Si l’IA se révèle être d’une grande aide, il ne faut néanmoins pas négliger le pouvoir du dialogue avec les consommateurs. C’est ce qui a fait le succès de marque comme Precription lab, Oh my cream Glossier ou Jimmy Fairly qui ont ainsi pu mettre sur le marché des produits réellement attendus par les consommateurs et construire des communautés d’ambassadeurs.
